p

P, c’est la lettre que j’ai tapée durant toute cette journée pluvieuse afin de corriger des liens hypertextes tronqués de ce fameux p au niveau du http. Mes liens commençaient donc tous par un htt:// vous voyez, et pour des liens hypertextes, c’est un peu ballot, vous en conviendrez.

Et comme ce mauvais copier-coller s’est effectué sur plusieurs mois de travail, ça représente une bonne quantité de liens hypertextes tronquées de ce put@in de p !

J’ai pu remonter jusqu’à février. Il me reste les documents de janvier (72 pour être exact avec une dizaine de liens par document) et de décembre de l’an dernier. Autant dire que je n’en ai fait que la moitié.

Bac+5 et se retrouver à taper des p toute la journée…

Et puis, là, maintenant que j’ai les yeux explosés, je repense à ma journée de travail et je lui trouve une similitude frappante avec le mythe de Sisyphe. Faire et refaire des choses. L’absurdité de l’existence.

Et je repense justement à l’absurdité de mon existence et à cette impression, tout comme Sisyphe , de devoir faire et refaire, et refaire encore parce qu’un grain de sable est généralement venu tout zigouiller dans mes plans.

Avec ce maudit p tapé frénétiquement toute la journée, me revient la désagréable intuition que je vais devoir revoir ce pneumopédiatre parce qu’il sera passé à côté d’un asthme débutant. Réussir à obtenir ce RDV médical et le caler le bon jour sans devoir poser à nouveau un RTT étant déjà un exploit dont je me félicitais. Sauf que depuis deux jours, le môme ne toussait plus la nuit à la limite de s’asphyxier comme depuis deux mois. Et du coup, à l’auscultation des poumons, rien n’était décelable. Et comme j’ai beaucoup de pot voyez-vous, je risque de devoir y retourner chez le pneumopédiatre. Encore une fois. Parce qu’on sera encore passé par une période de deux mois de toux carabinée de type bronchite. Et rien que d’y penser, ça m’énerve.

Avec ce maudit p, je repense à toutes ces fois où j’ai expliqué au Plumeau qu’il fallait qu’il arrête de toucher au téléphone/stylo/souris d’ordinateur/papier (ne rayez aucune mention) visible sur un bureau d’adulte. Telle Filliozat, j’ai expliqué, ré-expliqué, détourné l’attention mais rien n’y a fait : maudite j’ai été. J’ai fini, excédée, par taper mon môme.

Avec Plumeau, je n’arrive à rien. J’échoue lamentablement à me faire entendre autrement que par la violence. Et puis, j’en ai marre d’entendre les « tu devrais faire ci ou faire cela » ou leurs versions « Moi, je serais toi, je ferais cela ». Les gens qui me disent ça, n’ont pas hérité du Plumeau.

Ce maudit p, il me rappelle douloureusement qu’au lieu de vivre des trucs sympas avec mon fils, je vis des crises de nerfs où il finit en pleurs et moi à lui hurler dessus pour répéter… Toujours les mêmes choses « Pourquoi, tu as touché ça ? Je te l’ai dit de ne pas y toucher pourtant ! » « Pourquoi tu as continué ? Je te l’ai dit d’arrêter pourtant ! » et autres hurlements hystériques du même acabit.

Ce maudit p, il me souligne la solitude de mon désarroi parental puisque l’autre moitié parental plumeauesque (aka le George) ne ressent rien de tel (pour lui, tout va toujours bien). L’autre moitié, bien que non intermittente, n’en ai pas moins aussi permanente que moi. L’autre moitié, loin de s’inquiéter « de la grande vivacité » (la vivacité… L’AUTRE épithète régulièrement servit par la quidam pour désigner casse-couille/mal élevé/incontrôlable) de son rejeton, applaudit.

Bref, je suis la seule à m’inquiéter de ce que ça va donner à l’école qu’il a visitée hier (c’est la directrice qui doit se féliciter d’avoir eu la géniale idée de le faire venir. Enfin au moins, elle a vu.).

P

Acheter, lire, relire, et relire encore les livres sur l’éducation non violente, et se retrouver à refaire ce que ses parents, grands-parents, arrières grands-parents ont toujours fait … Mais en moins bien…

Se dire finalement que ça serait si simple de se débarrasser de cet immense sentiment d’échec (personnel et parental) rien qu’en tapant des p manquants…

 

 

 

23 réflexions sur “p

  1. J’adore! c’est hilarant et en même temps je me retrouve tellement dans ce désarroi à craquer et à avoir envie de faire avaler tous ces bouquins sur la non violence à leurs auteurs respectifs… j’ai beaucoup culpabilisé de ne pas arriver à faire comme dans les bouquins, en même temps, avec le recul, je me dis qu’il n’y a vraiment aucun conseil utile dedans, si ce n’est une longue une liste de phrases ampoulées …

    Bisous à toi et au plaisir de te lire 😉

    Nath

    1. JE pense que quelque soit le conseil c’est impossible que ça soit applicable à tous les enfants. On me dit que « même si le Plumeau est toujours chiant, c’est quand même mieux que l’an dernier vers 18 mois », je n’ai rien fait de particulier, il a juste grandit… Attendre qu’il grandisse encore, y a que ça ! Bises

  2. Ma pauvre Plume, ce post respire la fatigue et le manque de repos 😕. La toux ne doit pas y être étrangère. Je suis intimement persuadée d’une chose, il est plus difficile d’élever un enfant remuant en appartement qu’en maison en ville. Ici dès que mon fils s’ agite, hop le jardin ou la forêt pour se dégourdir. A lui, les bâtons,les pommes de pin, les insectes, les têtards etc… Dur les jours de pluie ! C’est un âge où les enfants bougent beaucoup. Et la tv, ce n’est pas son truc. Alors, oui aux parcs, jardins publics 😉 etc… Tu fais de ton mieux Plume, tu sais aussi que certains enfants sont moins dociles que d’autres. Des bises !

    1. Et bien figures-toi qu’on en revient des vacances, mais comme je le disais dans un autre commentaire, il suffit d’une grosse pluie dans le stress parisien pour tout foutre par terre. Je t’avoue que je déteste la pluie et que ça me mine à chaque fois, ça n’aide pas du coup. Bises aussi

  3. Oh Plume… ❤ Parent est le plus dur métier du monde, surtout dans nos vies modernes, confinées, individualistes… J'espère que tu vas réussir à trouver plus de sérénité avec le Plumeau et j'ai le sentiment qu'il faut que le Georges y mette du sien pour t'épauler.

  4. Salut Plume,
    je n’ai jamais posté car je ne me sentais pas légitime pour le faire … mais ton Plumeau ressemble furieusement à mon grand poussin (9 ans demain). C’était un bébé épuisant (ou plein de vie en fonction de la façon dont on voit les choses) et j’avoue que malgré tous mes principes et toutes mes lectures j’ai parfois craqué devant son énergie et sa propension aux bêtises (ou aux découvertes si on voit le verre à moitié plein 😉 …
    Bref demain il a 9 ans et il est toujours aussi vif et passionné (coucou le petit gars qui a lu l’intégrale d’Harry Potter à 7 ans et Narnia dans la foulée …) mais il arrive beaucoup mieux à se contrôler … et puis nous avons des discussions drôlement intéressantes sur les nuages et sur la vie … Il fait aussi 8 heures de tennis de table par semaine ! Ça le défoule et ça l’occupe …
    Je rajouterai que mon mari a beaucoup moins craqué mais que c’était souvent moi qui me retrouvait dans les situations compliquées (on pourrait parler de l’égalité homme / femme mais bon 😉 ).
    Quant aux remarques je m’en prends maintenant pour le 3ième de 17 mois qui suit la voie de son frère (l’autre jour il a inversé l’écran d’ordinateur de mon père …) mais je suis beaucoup plus philosophe et elles rentrent pas une oreille et sortent par l’autre.

    1. Oh, tout pareil !
      Mon Loulou a eu 9 ans hier, et c’était aussi un « Plumeau Like ». Aujourd’hui c’est un petit garçon plein de vie mais complètement gérable… La lumière est au bout du tunnel 🙂
      Enfin c’est ce que je me dis car mon N°3 de bientôt 3 ans est aussi très vif (ahem)… J’en bave mais je sais que ça va finir par passer !

    2. Vraiment très vif et débrouillard ton bonhomme. Je pense que le sport c’est aussi la clé de la solution pour mon Plumeau. Pour l’instant il est encore trop petit. On nous a conseillé l’athlétisme. A suivre !

  5. Coucou, me revoilà….
    Bon, déjà t’as l’air fatiguée-fatiguée donc ma première ordonnance c’est de dormir 🙂
    Et ensuite… Ben pourquoi tu lui laisses pas toucher ce qu’il a envie de toucher : le téléphone, la télécommande, les papiers (pas les importants, hein, les autres) ? Tu verrouilles les écrans, tu sécurises les appareils et roule ma poule… Non ? Mais tu fais pas ça avec les prises électriques, hein 🙂 Ce qui est interdit est attrayant, alors forcément, il y retournera toujours. Si ce n’est plus interdit, c’est moins intéressant.
    Bon, voilà, je sais pas, je suis peut-être complètement hors sujet mais sait-on jamais ?!?
    Bisous de courage en attendant !

    1. C’est un peu délicat de lui laisser toucher les téléphones ou les souris de la directrice d’école ou du pneumopédiatre… Enfin, bon, les deux ont su bien mieux réagir à ça que moi, sa mère… Apparemment, ils sont l’habitude.
      Pour les prises électriques, maintenant c’est bon il s’en ai complètement désintéressé !
      Biz

  6. Ma pauvre Plume, comme les autres commentaires, on sent bien que tu as besoin d’un peu de repos. Et tu te mets beaucoup la pression : les livres sur l’éducation non violente, c’est très bien, mais parfois c’est encore mieux sur l’étagère à prendre la poussière…
    Peut-être que les autres ont un regard moins dur que tu le crois ?
    J’ai discuté la semaine dernière avec la directrice de l’école de mon N°3. Qui l’avait « puni dans son bureau » il y a 15 jours. (A moins de 3 ans… quand vais-je devoir aller le chercher au poste ?) Et alors qu’il courrait comme un dingue devant l’école, et que je n’arrivais pas du tout à me faire obéir. Bref, j’y suis allée en serrant les fesses, et à ma grande surprise elle m’a dit qu’elle le trouvait « adorable ». Bien sûr très bougeon, mais un petit garçon qui avait envie d’apprendre et qui était très affectueux. Et c’est vrai qu’il est tout ça aussi 🙂

    1. Du repos, je viens d’en prendre mais il suffit d’une grosse journée de pluie pour réduire à néant l’énergie que j’avais récupérée. Enfin, je te rassure, le moral va mieux. Hier soir, j’ai réussi à passer (enfin) un super moment avec le Plumeau. Sinon le regard des autres et notamment de ma famille est assez dur en général, alors que la directrice d’école était plutôt cool et savait parfaitement comment réagir. La vivacité du Plumeau n’a pas semblé la déranger, alors, que moi, j’étais mortifiée.

  7. Ça ne doit pas être simple de garder un enfant dans un appartement un jour de pluie. Ce n’est déjà pas facile quand on a un jardin… Et il est encore petit pour integrer tous les interdits. Ici la situation s’est ameliorée peu après les 3 ans. J’ai été très loin d’être exemplaire (cris, petites tapes mais aussi gifles parfois, colères).
    Courage, tu le sais déjà mais c’est plus facile quand l’enfant grandit.

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