Mais pourquoi ça me tarabuste encore ?

Je pensais avoir tout réglé dans ma petite tête.

Je pensais avoir pris du recul sur ma situation de nullipare.

Je pensais avoir fait du lâcher prise et j’en étais fière.

Mais en fait, il n’en est rien.
Mon rêve de la nuit dernière m’en a fait la preuve.

Je nous vois, le George et moi, dans une grande salle avec des banderoles, des affiches et plein de monde.

On est joyeux. Surtout lui. Il est très actif dans un parti politique. Il a le temps pour ça. On est sans enfant et on s’en fout car on a trouvé chacun sa voie. Lui, c’est la politique (j’ai omis de vous dire que le George a un master de sciences politiques), moi, je ne sais pas et c’est pas l’enjeu du rêve. Je suis juste très heureuse de le voir si épanoui et du coup j’apporte mon aide moi aussi (à ma mesure car la politique je m’en contrefous en fait).

Le George est tellement impliqué qu’il est devenu une sorte de conseiller pour une femme politique (dans mon rêve elle semble être connue du grand public).

Il y aussi une autre femme, plus jeune. Le même âge que moi, en fait. Cette femme est une autre conseillère ou peut-être une chargée de mission de la même femme politique (ce n’est pas bien clair mais dans les rêves, il n’y a jamais les CV collés sur la gueule des gens comme dans la vraie vie en fait).

La chargée de mission est accompagné de son fils de 8 ans environ. La gamin est vif et adore aider aux banderoles et aux affiches. Il adore le George. C’est un peu comme un papa de substitution. En effet, pas de trace de père…

Les deux sont inséparables : ça parle foot, ça rigole, ça plaisante.

Et puis ça dérape, le gosse se fait morveux. Il envoit balader le George et devient insolent envers lui. Le George le remet à sa place en lui faisant une réflexion bien placée. En fait, le gosse recherche l’autorité et il l’a trouvé. Il avait besoin de pousser le George et de voir ce qu’il avait dans son ventre. Il n’a pas été déçu.

Cela aurait pu en rester là, mais c’était sans compter sur la maman…

Elle s’en va râler à sa chef (la femme politique) comme si c’était à elle de devoir arbitrer. Et malheureusement, c’est ce qui se passe. Pendant que le George se fait incendier publiquement devant tous les autres militants (il se fait même virer d’ailleurs), la grognasse qui a vendu mon mari se place à côté de moi et d’un air satisfait et pervers me balance un :

« Quand on n’a pas d’enfant, on n’a pas de leçon d’éducation à donner »

Et bang ! Prends-toi ça dans ta gueule de nullipare stérile ! (Je précise, que dans mon rêve, je me rappelle qu’elle sait pour nous. On n’en n’avait pas fait un secret et tout le monde savait.)

En me réveillant, j’ai réalisé que c’était pas le fait de finir éventuellement sans enfant qui me faisait souffrir puisque dans mon rêve je le vivais plutôt bien et qu’il semblait que j’en avais fait mon deuil. Non, ce qui me faisait souffrir (et qui me fait toujours souffrir) c’est le regard des autres. Leur rejet. Le fait qu’à tout moment on peut nous balancer notre situation de « non-parents » dans la gueule. Le fait qu’on prenne notre particularité (qui est aussi l’objet d’une souffrance intime) comme moyen de nous faire du mal.

Parce que soyons honnête, je me suis habituée à cette absence de bébé. J’ai intégré le fait que je risque de ne jamais être mère. En fait ça serait facile si je ne vivais pas dans une société tournée sur l’enfant…

Ma nulliparité, je l’accepte mais faudrait juste que je vive dans une bulle. Or c’est impossible.

Et maintenant la question qui me taraude : c’est qu’est-ce qu’on va devenir si on échoue ? Est-ce qu’on sera des cibles sur lesquels il est permit de tirer à boulets rouges ?

Je ressens un profond malaise depuis quelques temps par rapport aux autres (les normaux, les fertiles). Pour moi, ils sont presque devenus des menaces…

Par exemple, j’en suis même venue à me demander si un neveu (ou une nièce) va jouer les charognards lorsque l’un de nous deux sera mort parce qu’on n’aura pas pu avoir d’héritier ?

Alors je pose la question qui tue : Est-ce que le fait qu’on finisse sans enfant nous rend vulnérables ?

Ma réponse : OUI

Finalement, c’est normal d’être tarabustée…

32 réflexions sur “Mais pourquoi ça me tarabuste encore ?

  1. Il est horrible ton cauchemar 😦
    Moi aussi j’ai bien peur de ça, de vivre une vie « en décalage », sans avoir rien à redire lorsque ça concerne les enfants…Et ça me fout les jetons…

    Souhaitons nous juste que ça ne nous arrive pas…

    1. C’est pas le fait qu’on nous dise qu’on a rien dire sur les gosses c’est le fait qu’on pourrait nous faire pire que ça (dans mon reve mon Ninou de fait virer quand même et humilié) ! Bref j’ai l’angoisse de notre avenir en tant que non parents. Tu remarqueras que j’integre de plus en plus le fait qu’on va échouer en PMA…

  2. Je suis d’accord avec toi, on vit dans une société obsédée par la famille et les henfants. En atteste la question qui suit inéluctablement le mariage « a quand les enfants? ».

    Moi qui ne voulait pas foncièrement d’enfant à la base, j’ai fini par me laisser embarquer dans la norme. pour etre comme tout le monde. pour avoir les mmes préoccupations que tout le monde.

    Alors jete comprends. C’est surtout les autres le vrai problème, et cette satanée norme que tout le monde veut vous faire suivre!

    1. C’est vrai il y en a marre de la norme. J’ai déjà beaucoup souffert durant mon enfance parce que je ne rentrais pas dans la norme et ça me poursuit dans ma vie de femme (faut que je me rappelle de cette phrase pour la psy…)
      Bref, j’ai très envie d’aller vivre dans une ile déserte avec mon Ninou qui passerait son temps dans l’eau avec un masque, un tube, des palmes et un fusil harpon et qui ne me ramènerait rien à bouffer (LOL !)

  3. Je te comprends, mes émotions ont tendance à me faire peur quant à un futur incertain, presque insipide sans enfant… « Arrête de ne penser qu »à ça, égoïste va ! » Mais comment est-ce juste possible quand tout autour de soi nous ramène à cette absence continuelle… Nous souffrons de l’absence quelqu’un qui n’existe pas, peut-être est-ce pour cela qu’on reste incomprises, peut-être est-ce pour cela qu’on voudrait nous jeter des pierres : nous nous faisons un monde débordé de tristesse d’un concept émané du néant, en d’autres termes, bien plus littéraires, on fait chier le monde avec un rien…
    Ah mince, cela se serait-il vu que je faisais une descente d’hormones ?

    1. C’est ça : une absence d’une personne qui n’existe pas. On est en deuil perpétuel en fait… Mais en fait, moi j’arrive à ne plus en souffrir. c’est la Société qui me montre du doigt et qui pourrait éventuellement me faire du tord parce que je ne rentre pas dans la norme (alors que pour une fois, je ne demandais que ça d’y rentrer).

  4. Mmm, sympa le rêve! C’est fou comment ça nous prend le chou même quand on dort (cette nuit, je courrais comme une dératée à l’hosto pour ne pas manquer ma ponction, je me paumais dans Paname et je savais pas si Toto arriverait à temps, et je me disais « merde, je vais m’être piquée pour keudal).
    Je pense en effet que de rester sans enfant nous rend vulnérables par rapport aux autres. Parce que ce n’est pas un choix. Parce qu’on le subit. Mais tu sais quoi, on les emmerde tous ces bien-baisants! Biz

    1. Si seulement c’était aussi simple que ça : on les emmerde mais le fait d’être vulnérables ça me perturbe et je ne sais pas encore comment me protéger de ça…
      Biz

  5. Même si on arrive à « prendre du recul » et à gérer nos réactions et émotions dans nos « petites têtes », je crois que le moindre évènement qui nous ramène à notre situation et notre parcours ébranle notre carapace, et je ne pense pas que l’on puisse tout oublier. Alors il faut se trouver des filets de sécurité pour nous protéger.
    Malheureusement les filles l’ont dit, vu la société dans laquelle nous vivons, ce n’est vraiment pas chose aisée.
    Plein de courage.

  6. J’ai bien envie de dire que les « autres » on les emm… sauf que non … on ne peut pas faire sans.
    Peut être que leur dire, à ces gens, que si nous n’avons pas d’enfants c’est parce que nous n’en voulon spas mais parce que nous n’avons pas pu en avoir, c’est peut être ausi calmer leurs remarques débiles.
    Au delà de ça, le simple fait de ne pouvoir aboutir dans un projet « en apparence si simple » pour les autres (faire un enfant), c’est remettre tellement de choses en question, notamment sur sa propre vie de femme et de couple que oui;.. c’est normal d’être tarabustée.
    Bisous

    1. C’est ce que je disais plus haut : si c’était aussi simple que « je vous emmerde » mais le fait d’être hors norme fait de nous des êtres vulnérables sur lesquelles il est facile de taper et pire encore de menacer (je pense au vieillard(e) survivant(e) qui n’aura pas de descendance pour le protéger des rapaces).
      Bisous

      1. Parfois, les vieillards ont une descendance qui ne les protège de rien. j’en ai vu plein dans mon boulot.
        Je me dit souvent que vivre sans enfant, ce ne serait pas insurmontable si on ne nous ramenait pas sans cesse à ça (même sans méchanceté). Rien que la question « vous avez des enfants? » me tue. Nan, j’en ai pas. Je ne sais pas, je me dis qu’on devrait y arriver mais qu’on a encore trop la tête dans le guidon pour voire comment.
        Si on doit en arriver là, on trouvera la moyen de se protéger., on trouvera un autre sens à nos vies. mais c’est claire que la société nous rappellera toujours que nous sommes le couple sans enfant. Un jour, dans très longtemps sans doute, on s’en accommodera et peut-être même qu’on en fera une force.
        Biz

  7. Je pense que les personnes qui se permettraient à un moment de faire une telle réflexion ne méritent pas de faire partie de notre entourage et faut faire du ménage. C’est comme si on disait à une femme célibataire qu’il n’a pas d’opinion à avoir sur un problème de couple. C’est hyper réducteur et la preuve d’une petitesse d’esprit.
    Et on s’en passe volontiers de ces gens-là!

    1. Le pire c’est que la seule personne qui m’a fait cette réflexion en vrai (et par deux fois) c’est mon frère… Et je ne peux pas me passer de mon frère. c’est ma seule famille… VDM

  8. Une fois j’ai entendu un commentaire très pertinent d’une femme sans enfants: elle a passé tellement de temps à y penser sans jamais en avoir, qu’elle a justement un point de vue différent à offrir… Il y a aussi une liste très intéressante d’auteurs de livres à succès pour gosses, qui montre bien que le commentaire « mais qu’est-ce que t’en sais t’as pas de gosse » est vraiment injustifié http://lifewithoutbaby.wordpress.com/2011/12/16/cheroes-childrens-authors-who-didnt-have-kids/

    Je crois aussi que oui, la blessure du manque d’enfant rend vulnérable, et je me suis toujours demandée à quel point mon acharnement pour faire un gosse était une pure envie d’enfant ou parce que se battre pour esquiver les remarques assassines semblait trop difficile.

  9. Pareil ici ça pourrait être simple si tout et tout le monde ne nous rappelé pas notre situation …. Je me demande comment ils font ceux qui n’ont pas d’enfants par choix ? Y a forcément un moment ou …

      1. je pense que quand o fait le choix de ne pas avoir d’enfant, on est mins vulnérable. On peut défendre son point de vue. Quand on subit une situation, c’est plus compliqué parce que ça fait écho à quelque chose qui fait mal.

        1. ça doit être moins douloureux mais je pense comme Blanche que la société « bien pensante » ne doit pas se priver de te juger. Et au bout du compte ça doit finir par être douloureux aussi.
          Biz

    1. Je me permets de répondre à cela, car ça a été mon cas pendant longtemps.
      Ne pas avoir d’enfant par choix n’est pas évident non plus. Evidemment ça n’a rien à voir avec la douleur de ne pas pouvoir avoir d’enfant mais cela reste difficile à vivre en société.

      On te juge, on te psychanalyse, on te pose des questions indiscrètes, sans arrêt.
      Moi ce qui m’a fait le plus mal, c’est qu’on juge mon couple. J’avais l’impression que pour la majorité des gens, nous avons une sorte de date de péremption, nous étions un couple à jamais incomplet car nullipare.

      1. Je ne me suis jamais permise de juger ou même de m’interroger sur ce choix là. Je le trouve tout aussi valable (peut-être même plus vu comment tourne le monde) que le mien qui obéit à l’appel de la nature. D’ailleurs, je suis au bord d’y renoncer (tout dépendra de la suite, il me reste 3 FIV au compteur) car je ne veux pas d’un enfant à tout prix et je vois bien que ce parcours m’use. Il est donc grand temps que ça se finisse d’une manière ou d’une autre. Bref, ce cauchemar révèle que je suis prête à y renoncer et à envisager une vie sans mais que je ne suis pas prête de subir le regard de la société. Je me doute bien que vous avez dû traverser (ou traversez encore) des remarques à la con, des jugements merdiques sur vous et d’ailleurs une fois je suis tombée sur un article qui disait que les couples sans enfants étaient ceux qui divorcaient le plus. Moi, je suis persuadée du contraire. Combien de couples se retrouvent soudés par la PMA mais ne résistent pas quand l’enfant est là ? Combien de couples se séparent alors que l’enfant a à peine 2 ans ?
        Bref, on a vite fait de te mettre au ban… Mais ce n’est pas vraiment ça qui me fait peur, ce qui me fait peur c’est qu’on puisse nous faire du mal. Qu’on essaye de nous séparer sous le prétexte qu’on aurait peut-être plus de chance sans l’autre (l’infertile). J’ai déjà entendu quelqu’un de la belle-famille dire qu’un couple sans enfant c’était un couple qui n’a pas de sens…
        Bref, je suis écoeurée de cette société.
        En tous les cas, je suis persuadée, vu ton témoignage, que vous êtes un couple génial et que vous profiter de pleins de choses que les autres (avec enfants) n’ont pas le temps ni l’énergie de faire. 🙂

  10. T’en fais des rêves, dis donc ! Qu’est-ce que tu vas nous chercher, jusque dans le sommeil ? Je ne suis pas hyper fan de Freud mais là, il y aurait peut-être matière à interprétation.
    Qu’est-ce qui pourrait t’apaiser, en dehors du fait évidemment d’avoir enfin l’enfant rêvé ? J’aimerais pouvoir t’aider à trouver la réponse.

    1. Je ne sais pas encore ce qui pourrait m’apaiser. Je ne suis pas sûr même que l’enfant rêvé soit la solution car je vois des ex-PMettes avec un bambin dans les bras qui en souffrent encore de leur infertilité.

  11. Si cela peut te rassurer les rêves ne font que ressortir tes angoisses et cela n’est en rien prémonitoire. Je suis une hypnothérapeute qui m’aide à interpréter mes rêves. Faut que je pense à t’envoyer ses coordonnées. Les personnes qui oseraient vous juger ne sont pas de bonnes personnes à fréquenter. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas d’enfant qu’on doit accepter les enfants des autres mal élevés !!! Non mais ! J’ai longtemps pensé que je n’aurai jamais d’enfant et j’avais imaginé même en adopter si je n’avais pas rencontrer le papa. Une partie du chemin est fait jolie plume, Pour te faire rire, ma mère voit un Marabou qui avait prévu que j’aurai une fille avant mes 38 ans (ce qui est finalement bien arrivé) mais surtout aujourd’hui elle m’annonce qu’il a prédit maintenant que j’aurai « PLEIN » d’enfants !!! Euh plein ça veut dire quoi cette histoire ? Les prochains seront-ils des quadruplés ??? lol Et puis Infertilité un jour ne rime pas avec toujours !!! Gros bibi !!!

    1. Ta mère est drôle ! Tu ne dois pas t’ennuyer avec elle 😉 PLEINS d’enfants !!! Ouah la prochaine c’est des triplés ! Bébé oisillon aura de quoi être occupée…
      Biz

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