Le dire ou pas…

J’ai encore 2 semaines pour garder cela secret.

Pour jouer encore plus la prudence, je dirais plutôt 3 ou 4 semaines à partir de maintenant : passer les 12 SA c’est bien, mais il faut réussir le tri-test et j’imagine que le résultat ne sera pas immédiat. La fameuse PDS est prévue pour le 7 mai en même temps que l’écho à 11 SA en maternité et qu’on pourra considérer comme officielle. Moi je trouve que c’est tôt. J’aurais préféré vraiment à 12SA révolu mais bon, il faut rentrer dans le planning de la maternité 😉

Bref, ne pas le dire pour des raisons de prudence ça se conçoit…

Mais en réalité, chez moi, ne pas le dire relève d’une raison plus profonde. Plus égoïste.

J’ai encore envie de la garder pour moi et George cette grossesse (abstraction faite de toutes les lectrices de ce blog). Je veux rester dans cette petite bulle protectrice. Je n’ai pas envie de partager.

Il y a trois exceptions quand même.

  1. Ma cousine Kat qui sait les péripéties au fur et à mesure…
  2. Notre amie qui nous avait fait un porte-bonheur pour une FIV et qui se réjouit bien évidemment.
  3. Il y a aussi une personne au travail. Je mange avec elle le midi. Elle sait combien c’est fragile, incertain, délicat. Elle sait combien il est nécessaire de ne rien dire à mon service.

Voilà seulement trois personnes in real life au courant.

Commençons par mon travail déjà. Je sais que je vais être obligée de déclarer à partir de 12SA ma grossesse à mon chef de service.

[L’emploi de ce futur est vertigineux…]

Mais justement, je ne suis pas obligée de le dire à 12SA pile. Je peux encore attendre, non ?

L’ambiance au boulot est plutôt moyenne. Elle l’a toujours été. J’ai l’impression d’être entourée des Sophie et Sophie de Canal+.

Je n’avais jamais parlé de mes soucis de procréation au boulot vu que j’avais déjà senti qu’il n’y aurait aucune bienveillance à mon égard. Cependant, le temps passant, je me doutais bien que ça jasait sur moi à ce propos.

Dernièrement, une de mes collègues a quand même osé, et ce, pour la première fois, me posait une question qui m’a interpellée.

« Alors, au fait, tu continues toujours tes traitements ? »

Avouez que ça a de quoi perturber quand on sait que je suis dans ce service depuis presque 5 ans sans en avoir parlé une seule fois. Et voilà qu’elle m’en parle il y a deux semaines…

Je n’ai pas pu m’empêcher de maudire intérieurement la fameuse collègue qui sait tout et qui m’a grillée sur mon ancien blog.

Ou alors peut-être a-t-elle senti qu’il y avait quelque chose ? Les antennes « détection de grossesse » ça existe !

Vous allez me dire qu’une fois la grossesse déclarée, ces collègues pourraient se réjouir pour moi.

Moui…

Je ne suis pas forcément persuadée du truc, voyez…

J’aurais surtout droit à la question qui tue. Celle qu’on ne posera jamais à une fertile :

« Et…euh…Elle est naturelle cette grossesse ? » (avec tout le mépris sous-jacent dedans hein !)

[Je pense que je vais manquer sérieusement de diplomatie si on me la pose…]

Bref, ce n’est pas un contexte bienfaisant pour déclarer une grossesse.

Maintenant la famille…

AAAAHH ! Sainte famille !

Je les aime quand même. Mais voilà, les années PMA sont passées par là. Il y a eu des paroles maladroites ou volontairement blessantes. Elles restent scotchées dans ma tête. Je n’y peux rien. Je suis rancunière que voulez-vous…

Et il y a eu surtout, cette espèce de silence gêné (ou ces changements de sujets aussi soudains que suspects), et c’est bien ça le pire (c’est bien ça qui m’a le plus blessée), lorsque j’évoquais à de rares occasions où nous en étions dans notre parcours. Cette sensation que notre déveine chronique les dérangeait tellement qu’ils préféraient que je comprenne de moi-même qu’il fallait arrêter d’en parler.

Message reçu ! Après la deuxième FIV qui ne donna jamais d’embryon, j’ai volontairement omis de parler de FIV2bis et ensuite de FIV3 alpha sans transfert. Après, j’ai déclaré qu’on arrêtait tout ! Depuis, le sujet n’a jamais été évoqué et tout le monde était content.

Alors, maintenant, annoncer une grossesse, j’ai un peu peur que ça donne une réaction comme PMGirl a malheureusement expérimenté. C’est tellement énorme que cela semblera suspect. Ils vont peut-être même s’imaginer qu’on est partis à l’étranger ou alors qu’on leur fait une blague de mauvais goût…

Passés le choc de l’annonce… Parce qu’il y aura choc n’en doutons pas… Ils vont vouloir m’abreuver de conseils et quelque part s’approprier cette grossesse.

Dans ma famille, ma mère et mon frère ont le monopole de la sagesse. Ils t’abreuvent de conseils mais n’écoutent jamais les tiens ou tes suggestions.

Mais… J’en ai rien à foutre de leurs conseils. C’était avant que je voulais du soutien. Il va falloir qu’ils comprennent que ce gosse c’est LE MIEN et que je l’élèverai comme je l’entends. Rebelle, on a dit… Bref, pour marquer mon territoire, je vais devoir pisser contre les murs, grogner et puer les phéromones de dominante.

La famille c’est une tribu avec les dominants et les autres, n’en doutons pas…

Faut le reconnaître, il y a eu une cassure, et ça, c’est à cause de la PMA. C’est pas entièrement de leur faute. C’est aussi de la mienne. Je me suis renfermée aussi.

Merci la PMA…

Donc, vous l’aurez compris. Les annonces seront com-pli-quées.

Il y a bien que du côté de la belle-famille où ça sera relativement simple. Ils ont toujours été relativement indifférents. Il y a déjà tellement d’enfants. Ils seront peut-être un peu contents. Surtout pour le George.

Ils ont beau vivre dans la même ville que nous, en 5 ans, ils sont très peu passés (à l’exception d’un beau-frère et d’une belle-sœur galérienne aussi d’ailleurs. Et d’ailleurs ça sera compliqué pour elle aussi.), du coup, je me demande, s’ils vont subitement se faire plus présents voire envahissants (pisser contre les murs on a dit…). Je ne manquerai pas de vous le faire savoir. Parce que c’est vrai qu’avant, on puait grave, le George et moi.

PMA de merde…

 

36 réflexions sur “Le dire ou pas…

        1. Au boulot ils risquent de me revoir un peu mais on n’est pas a l’abri d’un retour a domicile 😉

  1. Avec mes soucis je suis passée à côté des tiens!quelle frayeur!je suis contente que ces saignements ne soient pas graves et que ton embryon aille bien. Pour le boulot il n’y a aucune obligation.moi je l’avais dit à 12 semaines pour qu’ils fassent descendre la pression sur mes épaules et organiser mon départ (avec 2 bébés je partais 1mois 1/2 + tard)
    Il faut vraiment faire comme tu le sens et surtout quand tu seras prête.
    Prends soin de toi en tout cas.
    Ps : merci pr ta proposition de passer me voir mais j’ai plutôt le moral dans les chaussettes en ce moment donc compagnie pas très agréable… Je t’embrasse et reposez-vous toi et ton embryon chéri

  2. moi j’ai vécu l’annonce au boulot et en famille comme une vengeance. Surtout auprès d’un collègue qui avait été assez odieux avec moi alors que les hormones de début de grossesse fonctionnaient à plein. Et j’en ai profité pour faire de la pédagogie auprès de tout ce petit monde (en tant que prof de SVT ca me va bien), en leur sortant un peu tout ce qu’on en bave en PMA. Beaucoup d’étonnements, bien moins de réflexions désagréables. Dans la famille ils sont sû (enfin!) être contents sans s’imposer. Non, l’annonce ca a été plus une victoire qu’une épreuve.
    Je l’ai dit après l’écho des 12SA, car d’un coup l’inquiétude tombait. La PDS me faisait pas beaucoup baliser, je ne sais pas pourquoi.
    Les saignements ça va, c’est fini? Le moral est bon? Tu te sens ENCEINTE?

    1. Les saignements semblent s’être tassés. Le moral ça va. Couci couça. Me tarde l’écho du 7 mai à la mater 😉
      Bises

  3. Un pédiatre m’avait dit un jour , que personne mieux qu’une mère ,sait ce qui est bon pour son enfant , alors lorsque le premier Bébé est né , pensant à cette grande vérité qui m’arrangeait bien , j’ai tout de suite mis les choses au point au premier  » moi à ta place. .et  » tu devrais… »
    Personne n’étant à ma place , j’ai fait confiance à mon instinct de maman et tout s’est toujours bien passé !
    Quant à l’annonce , là aussi , c’est vous qui décidez ! Si vous avez choisi de vous protéger , c’est que cela vous semble utile . Si en revanche vous vous sentez OK pour le crier à la terre entière , alors faites vous plaisir . Vous êtes seuls (avec George ) , maître à bord . Quoique vous fassiez , vous aurez raison !
    Amitiés à vous deux et plein de douceur pour le tout petit en préparation .

  4. Pour le job, tu n’es pas obligée de le dire à 12 SA. Dans les faits, tu dois juste les informer avan ton départ en congé maternité donc tu peux attendre un peu…
    L’annonce à la famille : je comprends ton dilemme… Vous voulez vous protéger : protégez vous ! C’est TA grossesse, elle est précieuse donc tu fais comme tu le sens !
    Les réactions ?? Quand on ne se rend pas compte des difficultés de la PMA, comment peuvent ils être à la hauteur à l’annonce de cette grossesse tant désirée ?
    Plein de bisous …

    1. Oui les réactions, de toute façon, ne seront jamais à la hauteur de ce qu’on espère. Je vais faire au feeling. Pleins de bisous à toi aussi à ta petite famille 😉

  5. Pour le boulot, je l’ai dit quelques jours après avoir reçu les résultats du tri-test… Donc fin 3ème mois… Même si je ne suis pas proche de tous mes collègues, l’accueil a été assez sympa, même des grognasses (du moins en apparence)… Je me dis, peut être naïvement, qu’une grossesse est toujours un évènement heureux (bon, même si depuis plusieurs années, j’avais du mal à les encaisser).
    Pour la famille, on a pas eu ce problème, ils ont été avertis à peine j’avais fait pipi sur le test… Impossible de le cacher, mais bon, c’était notre première fois…
    Bon, par contre, comme tu dis, ça m’empêche pas de commencer à pisser sur les murs pour marquer mon territoire !!! Les proches ont tendance à projeter leur propres vécus de parents sur toi…Ce qui m’insuporte au plus haut point, et comme je suis une rebelle grande gueule, je ne manquerai pas de le dire !!!
    Bises et take Care !!!!

    1. Donc la fin du 1ème trimestre chez moi ça m’amène à fin mai. Que ce soit pour le boulot ou la famille je garderai le même délai. Rien de pire que d’annoncer une bonne nouvelle puis 15 jours après se retrouver avec un gros gros risque de trisomie.

  6. Ah oui c’est compliqué… moi c’était un peu plus simple car autour de moi il y avait un peu plus de bienveillance que pour toi, je crois… En tout cas l’annonce m’a libérée, car j’ai pu expliquer l’attente, le stress, les traitements, les piquouzes, etc… et parfois j’étais assez directe comme pour me « venger » et puis finalement l’accueil a été très chaleureux, et j’ai appris que d’autres que je ne soupçonnais pas galéraient aussi, ou avaient galéré, ou connaissaient des gens qui avaient fait des FIV, etc… et finalement d’en parler si simplement m’a fait beaucoup de bien.
    Par contre je comprends totalement le besoin de le garder secret, pour vous, dans votre bulle, moi aussi j’aurais attendu un peu au boulot si ça ne se voyait pas autant… Mais à 2 mois et demi, j’avais déjà été captée par certains. Je l’ai donc dit juste après l’écho des 12 sa. J’avais besoin, comme toi, de savourer mon petit secret au creux de mon ventre…
    Gros bisous

  7. Tu as bien raison : faut pisser sur les murs, sur le paillasson, dans le jardin ou sur le balcon, et si possible tout autour de chez toi (tant pis pour les voisins)… Nan mais blague à part c’est clair, une famille qui s’approprie ta grossesse, ton gosse, c’est déjà lourd, quand en plus tu as dû vivre avec une étiquette de pestiférée avant le miracle, merde quand même !
    Te laisse pas faire, c’est ton mioche, ton asticot, ton bout de toi et de Georges, et le reste, basta !
    Tu verras, je me suis toujours fait une réputation de pas simple et pas carpette, mais depuis que je mère, j’ai vraiment BEAUCOUP de mal avec celles et ceux qui d’une manière ou d’une autre me colle trop près ou se mêle de ma vie (et a fortiori de celle de MA famille, celle que je forme avec Monsieur Papa et Mademoiselle V).

    Faudrait envisager la création de cours de self-defense pour femmes enceintes 😉

    Bizzzzz !

    1. J’ai pensé à toi en écrivant cet article justement. Pas mal l’idée de créer un cours de self defense pour femmes enceintes 😉

  8. Ah plume, je surfe un peu moins et je découvre avec des frissons les dernières péripéties…. J’espère d’ailleurs bien que ce seront les dernières, du moins de cet acabit!!!!!!!
    Ah… l’annonce à la famille. Moi je n’avais aucune envie de l’annoncer à mes parents, et comme toi je faisais par avance de l’urticaire à l’idée des conseils dont on allait pas manquer de m’arroser… Comme je comprends ce sentiment de vouloir garder ça pour soi. Et quand on a un long parcours de merde, on a eu l’occasion de mesurer à quel point on SAIT SE DEBROUILLER TOUT SEUL, et à quel point on est pleines de ressources, alors une fois que la roue tourne et qu’enfin tout va bien, on n’a pas du tout envie de se faire servir des conseils.
    Moi je l’ai annoncé à mes parents par téléphone parce qu’ils sont tellement nuls qu’ils n’auraient pas trouvé quoi dire et qu’ils auraient été incapables de m’embrasser, handicapés qu’ils sont de la communication.
    Je suis tellement heureuse pour vous.

    1. Ça va se finir au téléphone de toute façon chez moi aussi. C’est pas le genre à embrasser de toute façon même si ils devaient être contents. Et en ce moment ils sont overbookes du au fait qu’ils déménagent

    1. C’est vrai que l’idée d’accepter publiquement son état est une épreuve en soi 😉
      J’ai vu que ça bougeait par chez toi. Trop heureuse pour toi. La lumière sera bientôt la

  9. Je comprends tellement cette envie, ce besoin de garder ce tout petit enfant dans votre intimité quelques temps. Intimité tellement mise à mal dans le parcours de PMA. Prends le temps qu’il te faut Plume, c’est votre grossesse, les autres sauront bien assez vite.

    1. C’est sûrement un effet rebond de tout ce parcours c’est sûr. Les « fertiles » ont envie de crier leur état au monde entier, elles sont heureuses et leur intimité sera mise à mal un peu plus tard lors de tous les examens gynéco durant le suivi grossesse. Pour nous, on est déjà rodé, et puis on s’en ait tellement pris plein la poire de toutes les réflexions à la con concernant notre infertilité…

  10. Que d’émotions à te lire (je suis à la bourre dans mes comms mais je te lis toujours)… Je te souhaite plein de belles choses et que ces annonces ne soient pas trop décevantes quand même…
    Prends soin de toi ! Je t’embrasse

  11. Moi aussi, l’annonce a semblé une étape difficile. Parce que ça te met devant ta réalité de femme enceinte. Parce que moi aussi je crevais de trouille d’annoncer une bonne nouvelle et de devoir faire marche arrière en cas de problème (et avec grossesse gémellaire, y’avait encore plus de risques – youpi).
    Finalement, j’ai anoncé à tout le monde autour du 7 février, avec une date de concpetion le 15 novembre, ça faisait même pas 3 mois pleins mais l’écho des 12sa était passée depuis le 26 janvier, donc, il fallait y aller (et puis congé mater à rallonge pour grossesse géméllaire, j’avais pas le coeur de les mettre devant le fait accompli).
    Et si tu veux t’aérer pour prendre un café, tu me fais signe ?!? (ou une tisane, hein, je m’adapte !)
    Bisous, prends soin de toi !

    1. Je vais essayer de la cacher le plus longtemps possible parce que je n’arriverais jamais à supporter leurs regards gênés si ça devait s’arrêter. Pour le café pourquoi, ça me sortira de ma solitude lol !

  12. Par rapport au boulot, et comme je suis une frustrée d’avoir vu tant de collègues en profiter, je te le rappelle au cas où tu ne le saches pas (il me semble que tu es dans la FP, où alors j’ai fumé, ce qui est possible!): tu as droit à une heure par jour, mais il faut que l’employeur soit au courant et que le médecin du travail soit d’accord (ce qui est toujours le cas).
    Et sinon, les annonces c’est quand toi tu veux, et fuck les autres!

    1. Oui je sais que j’ai droit à des horaires allégées mais a part certains jours qui craignent la plupart du temps c’est quartier libre. On ne pointe pas. C’est regrettable dans un certain sens mais bon… Donc si j’ai besoin de partir plus tôt pour n’importe quelle raison je le fais. Le tout est que le boulot soit fait.

  13. J’étais pas pressée de le dire non plus quand j’étais enceinte (en même temps, la question ne s’est posée longtemps), besoin de garder ça pour moi. Pas tant que j’avais peur d’être déçue de la réaction des autres (je m’en fiche de la réaction des autres, c’est pas pour eux que je fais un gosse) mais plutôt par besoin de me laisser du temps pour réaliser. Par contre, ce n’est pas la PMA qui nous éloigne des autres. Ce sont les autres qui s’éloignent ou nous qui les éloignons (faut être honnête, on est pas que victime dans cette histoire). Mais finalement, tu aurais un enfant handicapé ou un cancer, ce serait pareil.
    Bon et je suis bien contente de voir que ton bébé va bien en dépit de la très grosse frayeur que tu as eu. Tu as le droit de sortir? Je serai sur Paris la semaine prochaine (pour cause de monitorage).

    1. Je me dis qu’une petite escapade ente midi et deux ça ne va pas me tuer, non ?
      Le 7 mai je suis prise mais le reste du temps je suis libre 😉

    1. Les annonces sont souvent surinvestits et certainement encore plus après un long parcours PMA. Ils seront peut être contents mes parents. Biz

Répondre à Plume Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.