La première, la dernière +Edit

Pour la première, comme Kaymet, j’étais nullipare et nulligeste.

Pour la dernière, comme Kaymet, je suis primigeste (et ce, depuis plus de deux ans…).

Pour la première, j’étais très optimiste. J’avais quand même produit 14 ovocytes qui donnèrent 6 blastocystes. Je me disais avec une naïveté touchante que j’avais assez souffert et qu’il était temps que la loose se finisse. Je me voyais enceinte et je me disais que quand même en arriver à faire une FIV ICSI pour avoir un gosse c’était déjà la méga loose et que bon, ça serait pas facile d’en parler au commun des mortels. Jamais au grand jamais, je ne me voyais enchaîner les FIVs !

Pour la dernière, je me dis que vu les innombrables ratés, contre-temps et les dernières stimulations qui donnent à peine mieux qu’une légère stimulation sous IACs, je ne vois pas comment ça pourrait marcher. Comment y croire encore ?

Pour la première, j’étais quasi certaine d’être enceinte car j’avais de sacrées douleurs d’utérus au point que je m’étais trouvée mal en passant juste une fois l’aspirateur. Mon ventre était gonflé, au point que le George pensait que c’était bon. Lui aussi, était très confiant. J’avais les seins explosés tout comme ceux d’une femme enceinte.

Pour la dernière, j’ai eu pendant l’attente des deux semaines un utérus silencieux. Mes seins d’abord très gonflés lors de la ponction (merci le HCG 5000, grâce à toi, j’ai eu l’impression d’être Pamela Anderson) ont dégonflés assez vite. Ils sont à peine plus sensibles que lors d’une phase lutéale normale sans aucune stimulation. J’ai fait mon ménage normalement et sans me ménager ! Quant au George, je crois bien qu’on n’a jamais évoqué un quelconque pronostic…

Pour la première, je me suis interdite beaucoup de choses. L’alcool, la charcuterie, le gros ménage, le sport. J’ai lavé trois fois mes salades, et toutes les crudités (salmonelle !), j’ai nettoyé tous les jours la litière de la bestiole (parasites tueurs d’embryons !), j’ai eu peur parce qu’aux toilettes j’ai osé « poussé » pour qu’un micro caca sorte. Voilà, ça y est, j’ai tué tué mon blastocyste ! J’ai bu beaucoup car l’eau c’est bon, ça purifie et le « bébé » en aura besoin…

Pour la dernière, je ne me suis rien interdit. J’ai bu un verre de Bourgogne parce que j’étais avec mes parents dans un très bon bistrot et que pourquoi je devais m’interdire un très bon pinard pour deux embryons surement déjà morts depuis longtemps. J’ai bu une bolée de cidre à la crêperie devant le regard réprobateur de la Fille. Ben ouais, j’avais pas envie de leur jus de fruit insipide et des crêpes bretonnes ça se boit avec du cidre, merde ! J’ai réitéré avec le cidre avec mes parents dans la même crêperie. J’ai bouffé de la charcuterie, j’ai mangé de la salade lavée qu’une seule fois. J’ai changé la litière de la bestiole quand j’y pensais et surtout parce que ça commençait à puer. J’ai pas hésité à utiliser un laxatif puissant (microlax) et ce, à plusieurs reprises, pour me vider ! Merci l’utrogestan qui te constipe à mort… Bref, j’ai fait ce que j’ai voulu et je n’ai aucun regret !

Pour la première, le jour de la PDS, je me suis levée après avoir passé la nuit à cogiter. J’étais stressée et irritable. Je voulais savoir tout de suite et en même temps j’avais une peur bleue.

Pour la dernière, le jour de la PDS, j’ai été réveillée par la fonction réveil de mon IPhone. Je me suis rappelée qu’on était samedi et que logiquement je devrais profiter d’une grasse matinée. J’ai pesté intérieurement puis je me suis soudain rappelée que ça serait le dernier lever aux aurores d’un samedi dédié à la PMA. Comme cette idée m’a redonnée courage, je me suis levée et j’ai préparé mon thé. J’ai été voir sur FB et j’ai eu une grosse pensée pour une PMEtte dont la ponction allait se déroulait ce jour, incessamment sous peu.

Pour la première, je me suis rendue sur le quai du tramway et j’ai été envahie des bruits des travaux pharaoniques lancés pour monter plusieurs résidences du futur éco-quartier en face du quai. Futur eco-quartier qui remplacera l’usine de traitement des déchets. J’avais assisté à la démolition de la grande cheminée une semaine auparavant et j’étais couveuse et j’y croyais.

Pour la dernière, je me suis rendue sur le quai et j’ai regardé les dernières touches finales des nouveaux bâtiments montés depuis plus d’un an. Il ne reste plus rien de l’usine désaffectée qui m’a vue arrivée dans ces lieux. L’éco-quartier prend forme et les bâtiments seront beaux. Dans pas longtemps, on verra arriver les premiers habitants. Que le temps passe vite…

Pour la première, je me suis rendue à un laboratoire connu pour être l’usine des PMEttes, le labo Drou**. Il y avait foule. J’avais même pas pu m’assoir. Mon cœur cognait fort. Je savais que je pourrais voir le résultat en ligne vers 12h. Comment diantre, allais-je pouvoir occuper mon esprit d’ici là ??

Pour la dernière, je me suis rendue dans un laboratoire différent du premier mais qui me connait par cœur. J’ai fait tous les monitorages des 4 autres FIVs chez eux. Il y avait un couple de vieux et un mec. Je suis passée très vite. La biologiste m’a dit qu’elle croisait pour une bonne nouvelle. J’ai souri. J’avais pas le cœur de lui dire que j’ai cessé d’y croire depuis longtemps. Elle était tellement souriante…

Pour la première, j’ai été sur le site du laboratoire Drou** et j’ai regardé mes résultats. Il y avait un zéro devant ma PDS du jour même. J’ai naïvement pensé qu’ils avaient mis ce zéro par défaut car il n’était que 11h et qu’ils n’avaient pas encore eu le temps d’inscrire le résultat. Une demi-heure plus tard. Après m’y être connectée à plusieurs reprises, le chiffre n’avait toujours pas bougé. A midi, j’appelais pour savoir. Le résultat était bien négatif. Le taux était bien à zéro. Même pas une accroche ! Alors que j’avais senti tellement de trucs. Ma gorge s’est serrée et je me suis effondrée.

Pour la dernière, j’ai appelé à 12h20 et j’ai donné mon numéro de dossier. Au bout d’un petit moment, la dame m’annonce sur un ton très froid et professionnel que « le résultat est positif avec un taux à 66,33 ». Je lui fais répéter. Elle s’énerve. C’est qu’elle n’a pas que ça à faire quand même !

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